Certaines plantes ne poussent pour leur part qu’en milieu acide et pas dans une eau trop alcaline. L’inverse est également vrai. Ainsi la stabilité chimique de l’eau influence t-elle ce qui y pousse. L’eau de pluie rendue acide lorsqu’elle traverse les gaz de l’atmosphère est enrichie en nitrates, pénètre les sols puis arrive dans un point d’eau, en direct ou via les nappes phréatiques qui l’alimentent. Au passage, l’eau de pluie se charge en oligo-éléments et minéraux dont une partie se dissout ou est absorbée pour être transmise aux êtres vivants qui en ont besoin.
De nos jours, les composés soufrés émis par l’utilisation de combustibles fossiles (pétrole, charbon, gaz naturel, etc.) ainsi que des engrais azotés utilisés par l’agriculture industrielle ont un impact direct et grandissant sur l’acidité de l’eau.
Tout comme nous, les poissons ont besoin de « blocs » de construction variés tels que le calcium pour grandir et se développer.
Quelque part dans la chaîne alimentaire, s’il y a du calcium dans l’eau, un organisme en profite, puis via la prédation, les minéraux, métaux et vitamines fondamentaux remontent la chaîne alimentaire jusqu’aux carnassiers.
Vous l’aurez compris, les pH de l’eau de votre étang ou de votre lac sont uniques, influencés par la pluie, la pollution environnante ainsi que par la faune et la flore halieutiques elles-mêmes.
Même si cela peut prendre plusieurs années, modifier ce pH peut faire évoluer profondément la biologie du point d’eau, voire affecter les populations de poissons qui s’y développent. Ainsi, nettoyer/élaguer le tapis végétal autour de l’étang, y ajouter des pierres non locales, couper les herbiers ou encore oxygéner son eau modifiera son niveau de pH.
Le niveau d’acidité et la quantité de calcium présent dans l’eau auront donc un profond impact sur les populations d’alevins. Plus l’acidité sera élevée et la quantité de calcium faible, plus le taux de mortalité de l’alevin sera élevé. La capacité de l’eau à diluer cette acidité est alors vitale pour la faune halieutique d’un étang, on parle ici de pouvoir tampon de l’eau. Les poissons vivant dans un milieu inadéquat verront leur croissance instantanée (croissance fondamentale rapide de la première année) limitée et n’atteindront jamais leur potentiel de taille optimale; le poisson juvénile étant plus sensible à l’équilibre chimique de l’eau durant cette première année, ce qui serait dommage pour nous pêcheurs, n’est-ce pas ?
Par ailleurs, la flore de l’étang joue un rôle particulièrement important dans les niveaux d’oxygène dissous dans l’eau. Pendant la journée, les plantes absorbent le dioxyde de carbone et produisent de l’oxygène et l’inverse se produit en l’absence de soleil. Comme nous l’avons vu plus haut, ce processus influence le pH, à moins que votre étang ne soit doté de suffisamment de minéraux (tapis rocheux) pour amortir ce changement.
De la même manière, lorsqu’un étang contient de grands tapis de plantes à racines denses, il développe son propre écosystème interne, ce qui aura aussi une grande influence sur la chimie de l’eau.
Enfin, la matière organique ajoutée dans un étang influence directement sa chimie aquatique. La vase de l’étang en est un exemple: à cette profondeur, la demande en oxygène est élevée en raison des bactéries qui décomposent les substances organiques déposées au fond de l’eau. L’oxygène y est donc consommé plus rapidement qu’il ne peut être produit et le milieu devient anaérobie, problème auquel on peut remédier en oxygénant l’eau avec une pompe.
Le principal point à retenir dans cet article est donc qu’avant même d’envisager l’introduction d’une nouvelle espèce, il est fondamental de connaître la biologie d’un étang et sa chimie aquatique.
Cette dernière vous permettra aussi de mieux comprendre à quel milieu vous avez affaire. N’hésitez pas à analyser le pH de votre eau locale avec des petits tests peu onéreux, vous en apprendrez beaucoup et votre pêche en sortira grandie.