Un des éléments différenciant la pêche des autres sports est son rapport privilégié à la nature. Pêcher signifie s’immerger au cœur de son milieu, qu’il soit sauvage ou urbain. Si la France et l’Europe comptent parmi les plus beaux sites pour la pêche sportive, on serait en mesure d’attendre de la part de la majorité des pêcheurs une attitude respectueuse et protectrice concernant l’environnement dans lequel ils font évoluer leur passion.
Ce n’est pas toujours le cas et il fut un temps où certains points d’eau ressemblaient à de vrais dépotoirs ( ce qui est parfois encore le cas aujourd’hui) même si les nouvelles générations sont de plus en plus conscientes des enjeux environnementaux et surtout beaucoup moins ingrats avec le milieu qui les accueille. Les conséquences de cette négligence sous toutes ses formes, sont souvent désastreuses pour un point d’eau et peuvent mener à l’extinction du milieu halieutique en raison du niveau de pollution ou la surpêche.
Il existe de nombreuses régulations en termes de pratique, de quotas et d’ouvertures saisonnières ainsi qu’une répression des pollueurs toujours plus importante avec une amende de 135€ en cas de constatation par agent assermenté. Cet ensemble de réglementations a pour but d’assurer la pérennité du milieu pour les générations futures.
Cependant, on peut aller plus loin et bien que le recyclage de nos lignes ne fasse pas partie des réglementations, laisser celles-ci sur votre site peut avoir de graves conséquences pour la faune locale. L’évolution constantes des consciences environnementales génère des pratiques permettant de réduire toujours plus notre empreinte sur les milieux et recycler sa ligne en fait partie.
1. Pourquoi il est si important de ne pas jeter
D’abord parce que la ligne de pêche, qu’on parle de fluorocarbone ou de tresse est particulièrement dangereuse pour la faune. Dans la bouche du poisson, elle peut s’avérer une gêne pour s’alimenter et mener à la mort là où les plus petits poissons et les batraciens peuvent même s’y attacher voir s’y étrangler.
Les oiseaux sont aussi susceptible de s’y emmêler le bec, de s’étouffer ou de ne plus pouvoir s’alimenter. Même lorsque l’on les jette à la poubelle, celles-ci terminent en décharge et peuvent être ingérées ou s’attacher aux animaux qui essaieront de les manger.
Et nous en arrivons à la deuxième raison: le flurocarbone et la tresse ne sont pas recyclables, ou du moins pas à travers le circuit conventionnel du recyclage domestique. Moins élastique et plus résistant ainsi que moins visible dans l’eau, le fluorocarbone est issu d’un mélange appelé polyfluorure de vinyle lui même dérivé du pétrole et n’est pas recyclable directement comme nous l’avons mentionné plus haut. En plus de ses effets néfastes pour l’environnement et la faune, il peut aussi affecter les infrastructures: jetées et docks peuvent nécessiter un curage spécifique lorsque trop de lignes s’y accumulent, de même pour les canaux dont les sorties peuvent être obstruées par les pelotes de fils ramenées par les eaux, bloquant le passage des poissons dans certains cas extrêmes.
Bien qu'il ne s'agisse pas d'un problème à grande échelle, empêcher la migration des poissons au niveau individuel de la pratique du sport peut avoir d'énormes effets sur leur population et leur capacité à la faire croître. Le plancton, les crabes et autres prédateurs d'appâts dont se nourrissent les poissons peuvent également être bloqués par des débris auxquels contribuent les lignes de pêche. Bien que les petites proies puissent passer, cela peut également signifier une pénurie de nourriture pour certains écosystèmes.
Aujourd'hui, le plus gros enjeux lié à la manipulation des lignes de pêche reste évidemment le matériau dont elles sont faites. Le fluorocarbone et le monofilament, les matériaux les plus couramment utilisés sur les lignes de pêche, sont difficiles à décomposer naturellement. De nombreuses lignes de pêche abandonnées dans l'eau pour contribuent à l'augmentation des déchets qui flottent autour des océans. Beaucoup d'entre eux y resteront probablement pendant des siècles. Le monofilament, lorsqu'il est laissé seul, ne se dégradera qu'après 600 ans. Les lignes de pêche en fluorocarbone peuvent même durer près de 4000 ans. Cela rend l'élimination des lignes de pêche encore plus difficile d'un point de vue technique et nécessite un recyclage spécifique. Ainsi, le simple fait de jeter des matériaux dans les décharges peut avoir des effets négatifs sur l'environnement. Et bien sûr, brûler de tels matériaux est tout aussi dangereux, sinon plus, pour l'environnement et les autres personnes.
2. Alors que faire de vos lignes ?
Cela commence par les plus petits morceaux: ceux-ci doivent absolument être conservés dans un sac prévu à cette effet (personnellement je les stocke dans un petit compartiment de ma sacoche que le vide plus ou moins régulièrement. Quelque soit la longueur dont vous devez vous démunir, la tentation de s’en débarrasser dans une poubelle classique ou pire sur place est grande pour le pêcheur qui dans le meilleur des cas, jette sa ligne usagée dans le conteneur du recyclage. Cette approche ne fonctionne malheureusement pas en ce que le fluoro comme la tresse et le monofilament ne peuvent être traités par le circuit de valorisation des déchets classique.
Malheureusement pour nous, il n’existe pas en France de réelle filière de recyclage de ces polluants et la meilleure façon de ne pas polluer est donc de les entreposer chez soi en attendant que certaines filières ouvrent comme au Etats-Unis où de nombreux conteneurs spécialisés ont fait leur apparition sur les lieux de pêche ces dernières années et où certains magasins sont même subventionnés pour récupérer vos lignes. Patience !
Il y a fort à parier que les nouvelles générations de dirigeants de fédé et AAPPMA entreront bientôt dans cette démarche, si nous n’y sommes pas forcés avant par une réglementation toujours plus pointue.
Par ailleurs, rien ne vous empêche de proposer vous même un solution comme c’est beaucoup le cas au Japon par exemple, en construisant votre propre bac de récupération de lignes. Il existe de nombreux tutoriels sur internet à cet effet comme celui-ci: DIY Fishing Line Recycling Bins ! et vous pouvez vous rapprocher de votre AAPPMA locale afin de convenir d’une méthode de collecte de stockage.
Dans certains pays, le monofilament et le fluorocarbone sont même récupéré pour être valorisés et retransformés en boîtes de pêche ou en… bobines à ligne !
Sachez enfin qu’il existe quelques fabricants de ligne biodégradable tels que l’américain Eagle Claw à travaers la ligne Bioline ou encore la fameuse entreprise Japonaise Toray avec sa ligne Fieldmate (http://www.torayfishingline.com/)